Il existe un ministère qui n'est probablement pas très en
vue aujourd'hui : c'est celui de l'exhortation que nous
traduirons par : celui de l'encouragement. Un homme appelé
Joseph en est l'illustration. Les premiers apôtres vont le
surnommer Barnabas, c'est à dire fils d'exhortation 1 probablement parce qu'ils ont décelé en lui cette
qualité rare. Barnabas était un homme bon, plein d'Esprit
Saint et de foi 2 et généreux aussi puisqu'il
n'avait pas hésité à vendre un champ pour venir en aide aux
chrétiens démunis de Jérusalem 3. J'imagine qu'il
avait cette force tranquille, cette douceur, cette bonté et
ce regard apaisant d'un homme rempli du Saint-Esprit. Mais
savez-vous que si Barnabas n'avait pas été là, probablement
qu'on ne parlerait pas de Paul comme on le fait aujourd'hui.
On oublie souvent que derrière certains hommes de Dieu, il y
a eu des Barnabas. Josué n'aurait pas été là sans Moïse,
Elisée n'aurait pas été là sans Élie, Pierre n'aurait pas
été là sans son frère André qui l'amena au Seigneur... et la
liste est longue.
Barnabas est le premier à avoir « repéré » Paul qui
s'appelait Saul. Saul avait vécu une conversion puissante et
spectaculaire mais les chrétiens de l'époque étaient très
réticents à son égard. Ils s'en méfiaient parce qu'il avait
été un persécuteur virulent de l'Église et probablement
qu'ils mettaient en doute sa conversion. Il s'en est suivi
un silence de trois ans avant que Saul ne vienne à
Jérusalem. Mettant sa réputation en jeu, Barnabas n'a pas
hésité à le présenter aux apôtres, du moins à deux d'entre
eux 4.
Les autres n'ont peut-être pas voulu le rencontrer. Après
Saul va disparaître de la « scène » à nouveau pendant une
dizaine d'années et cela devait sûrement rassurer tout le
monde.
Et puis un réveil a débuté à Antioche. Barnabas a été envoyé
sur place par les apôtres pour constater ce qui s'y passait.
Beaucoup aurait vu dans cette mission une promotion et la
possibilité de se « réaliser », mais Barnabas, devant
l'ampleur des besoins n'a pas réagi comme cela. Sûrement que
sa première pensée a été : voilà l'occasion de remettre Saul
en selle ! A nouveau, il n'a pas hésité à faire le
déplacement jusque Tarse pour aller le chercher dans son
« trou de l'oubli » 5. Ils ont commencé à œuvrer
ensemble et leur ministère a connu beaucoup de succès. Et
puis, à partir du chapitre 13 des Actes nous pouvons voir
que le leadership a changé et que le tandem est appelé Paul
et Barnabas. Finalement, un désaccord interviendra entre eux
et Paul va prendre son « envol » 6. Barnabas a
été l'homme de la situation et Paul lui doit beaucoup !
Savez-vous que le mot grec pour exhortation à la même racine
que le mot paraclet qui qualifie le Saint-Esprit. Il
signifie consolation, réconfort, assistance, encouragement.
Nous savons tous que le Saint-Esprit a ce ministère auprès
des enfants de Dieu. Néanmoins le Seigneur Jésus a trouvé
nécessaire de susciter, en plus, des hommes et des femmes
pour exercer ce ministère. Cela nous démontre à quel point
il y a un besoin dans ce domaine dans la communauté
chrétienne. Ceux qui ont le « ministère de la critique »
sont tellement en surnombre par rapport à ceux qui ont le
ministère de l'encouragement. Tant de gens blessés, sous
évalués, écrasés, ignorés, rejetés... ont besoin d'un
Barnabas pour les aider à avancer, à grandir, à s'épanouir.
Ils ont besoin de consolation, de soutien, qu'on « croit »
en eux, qu'on leur donne un coup de pouce ! Tout cela est du
ressort du ministère d'encouragement.
Le ministère d'encouragement est, et c'est probablement le
cas de tout vrai ministère, profondément ingrat. Il demande
beaucoup d'abnégation, de patience, de « diplomatie », de
bonté et de compassion. Celui qui l'exerce a tellement
besoin du Saint-Esprit pour manifester son fruit 7. Pourtant, l'Église d'aujourd'hui a un profond
manque de ces hommes et de ces femmes qui ne seront peut
être jamais sous « les feux de la rampe » mais qui
accompliront des œuvres d'une valeur éternelle. Si nous
avons un Barnabas à nos côtés, que notre cœur soit rempli de
reconnaissance à Dieu et à ce frère ou à cette sœur sans qui
nous ne serions peut-être pas là où nous sommes. Et si nous
avons été en désaccord avec lui ou elle, à un moment ou à un
autre, sachons trouver la voie de la réconciliation et du
respect.
Enfin si nous sommes un ministère en vue, et Barnabas en
était, sachons pousser en avant quelqu'un d'autre. Le
ministère est tellement prenant que l'on oublie facilement
les priorités. J'ai tellement vu des pasteurs avoir peur de
perdre leur place, qu'on les supplante, regarder avec
suspicion tous ceux qui avaient un potentiel et bien souvent
les écarter loin d'eux. Moïse a préparé sa succession, Élie
aussi, Paul aussi (notamment au travers de Timothée), Jésus
en a formé douze pour qu'ils poursuivent la « mission ». Les
exemples bibliques ne manquent pas. Laissons tomber tout
esprit de compétition pour aider d'autres à entrer dans leur
destinée. Prenons le temps d'encourager avec patience.
L'important, au-delà de ce que nous aurons accompli, est ce
que nous allons laisser derrière nous.
Que le Seigneur de grâce vous bénisse au travers de ces
lignes !
1 Actes 4.36 - 2 Actes 11.24 -
3 Actes 4.37 - 4 Pierre et Jacques - Actes 9.27 et Galates 1.18 et 19 - 5
Actes 11.25 - 6 Actes 15.39 -
7 Galates
5.22 et 23
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